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Les trois états des données et leur signification

7 % des entreprises françaises subissent chaque année une violation de données : ce chiffre n’a rien d’un détail statistique, il dit tout de la fragilité numérique contemporaine. La confidentialité des informations stockées ne dépend pas uniquement de leur accès, mais aussi de leur état à chaque étape de leur cycle de vie. La plupart des violations de sécurité exploitent une vulnérabilité liée à l’un de ces états, souvent négligée lors de la mise en place des protections.Les pratiques de gestion évoluent sous la pression du RGPD, qui impose une responsabilité accrue sur l’ensemble du processus. Les acteurs doivent désormais anticiper les risques associés à chaque phase, sous peine de sanctions importantes.

Comprendre les trois états des données en informatique

En informatique, toute information passe tour à tour par trois états distincts : donnée au repos, donnée en transit, donnée en cours d’utilisation. Chacune de ces étapes appelle des mesures particulières, des méthodes sur mesure et une vigilance adaptée aux risques qui s’y rattachent. Impossible d’espérer la même sécurité du disque dur à un réseau ouvert.

La donnée au repos, c’est tout ce qu’on retrouve en sommeil : stockée dans une base de données, archivée sur un serveur ou envoyée dans le cloud. Qu’il s’agisse d’anciennes factures ou de sauvegardes stratégiques, deux menaces cohabitent : le vol matériel et les attaques logicielles. C’est le domaine où le chiffrement s’impose, où la gestion serrée des accès et la surveillance continue deviennent la routine.

La donnée en transit voyage , à travers Internet, un VPN, ou le réseau interne de l’entreprise. La moindre transmission offre une fenêtre d’attaque : interception, modification, redirection malveillante. Ici, aucun compromis : protection des échanges par chiffrement, authentification rigoureuse pour chaque canal, vigilance sur chaque détour potentiel du flux d’information.

En phase de traitement, la donnée est exposée en direct : affichage, modification, exploitation par utilisateur ou application. C’est là que l’erreur humaine, la session mal surveillée ou le logiciel défaillant ouvrent la porte aux fuites. Seuls des contrôles d’accès stricts, une observation en temps réel et des audits réguliers gardent la situation sous contrôle.

Pour s’y retrouver, voici un panorama synthétique de ces trois états :

  • Donnée au repos : stockage sécurisé sur serveur de fichiers ou base de données
  • Donnée en transit : transfert via réseau, demande une protection dédiée
  • Donnée en cours d’utilisation : consultation, modification, exploitation par un acteur humain ou logiciel

Reconnaître ces phases, c’est déjà poser les bases d’une sécurisation intelligente, capable de prévenir et de contenir ce qui menace l’intégrité des informations.

Pourquoi la gestion des données diffère-t-elle selon leur état ?

Chaque état impose ses propres règles, outils et stratégies. L’univers de la sécurité informatique se construit sur cette dynamique : aucune donnée n’est figée, tout bouge, chaque moment demande sa réponse spécifique.

Lorsque les éléments sont au repos, la menace peut surgir tout autant d’une effraction physique que d’une intrusion numérique. Le chiffrement (TDE, AES, 3DES, etc.) agit comme première ligne de défense, mais sa robustesse dépend surtout de la gestion des clés. Une faille de ce côté-là suffit à tout compromettre. Job quotidien : superviser les accès, ajuster les droits, garder une trace infaillible des mouvements.

Pour la donnée en transit, changement de décor. L’interception, la modification à la volée, ou le détournement deviennent les principaux périls. Les dispositifs de chiffrement doivent alors être souples et dynamiques. Les solutions hybrides allient plusieurs techniques (symétrique, asymétrique) pour adapter la protection au niveau de sensibilité ou au contexte d’échange. Un export anodin n’a pas besoin du même arsenal qu’un transfert confidentiel.

En cours d’utilisation, ce sont les usages et leur traçabilité qui comptent. Qui accède ? Qui modifie ? Sur quoi ? Il s’agit de contrôler chaque intervention, d’analyser chaque session, de veiller à l’intégrité via des mécanismes de hachage (SHA, DSA…), et de prévenir toute extraction frauduleuse ou accidentelle, par exemple à l’aide d’un DLP ou d’un système IRM.

Ces exigences donnent naissance à des outils adaptés à chaque contexte :

  • Chiffrement ajusté selon l’état de la donnée
  • Classification constante en fonction du contexte et des usages
  • Solutions dédiées : CASB côté cloud, MDM pour la mobilité… et jamais de protections génériques

Que l’on parle d’un vieux disque oublié ou d’échanges entre multiples plateformes, chaque situation réclame une analyse précise et une parade sur-mesure.

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Protection, RGPD et ressources pour affronter la réalité

La protection des données ne s’improvise plus, tant le cadre réglementaire s’est renforcé autour du RGPD. Garantir la confidentialité, l’intégrité et la disponibilité implique désormais d’associer des outils techniques (chiffrement, contrôle d’accès, identification multipoints, audits fréquents) à des politiques organisationnelles qui couvrent aussi bien l’effacement sécurisé, la gestion des droits que la sauvegarde automatisée.

La conformité varie selon les secteurs. La santé suit un référentiel spécifique (HIPAA), le paiement s’impose PCI DSS. Partout, l’approche par les risques s’impose : classifier, chiffrer selon l’état et la finalité, tracer chaque accès. Des autorités comme la CNIL fournissent des guides pour ancrer la mise en conformité dans la réalité des entreprises, loin des discours abstraits et des grandes intentions.

Creuser plus loin, c’est se frotter à la réalité de terrain, là où législation, innovation technique et sécurité opérationnelle s’entrechoquent. La protection de la donnée, c’est un choix permanent : se contenter du strict minimum, ou façonner une confiance durable.

L’écosystème numérique ne laisse aucun répit : cloud, mobilité, volumes en hausse. À chaque nouvel usage, l’équilibre entre confidentialité, contrôle et responsabilité se rediscute, et c’est sans doute là que tout se joue pour l’avenir de la confiance et du numérique.